Aussi vrai qu’est reconnue l’existence d’un temps pour tout sous le soleil, aussi vrai l’importance de se taire surtout en climat délétère, s’avère nécessaire, voire salutaire ; le contraire étant purement suicidaire ! C’est ce qu’a malheureusement manqué de faire le Président de la FECAFOOT face à la décision du Gouvernement de nommer un nouveau Staff d’encadrement des Lions Indomptables.
Le Gouvernement a-t-il qualité de recruter sans consulter ?
Si la réponse est oui sans ambages, cette épineuse question, tel un serpent de mer, a pour privilège de rappeler la malencontreuse histoire d’un certain Iya Mohamed. Il y avait quoi avant, pourrait-on dire ? Il y a un président de la FECAFOOT qui se crut tout permis, et fut finalement conduit aux geôles par sa folle obsession de pouvoir, l’amenant à s’opposer frontalement à sa tutelle, le gouvernement, ce, dans un contexte de mauvais résultats enregistrés par la sélection nationale, à cette époque. Il a eu également l’outrecuidance de refuser de signer un contrat d’un nouvel entraîneur, signé par le Gouvernement, sous le fallacieux prétexte de n’y avoir pas donné son onction.
Cela n’est un secret pour personne : Qui peut le plus, peut le moins, ce, même en droit. L’article 9 de la convention MINSEP-FECAFOOT stipule ce qui suit dans son alinéa 1 : « Les membres des structures d’encadrement des sélections nationales de football sont recrutés, soit sur la base d’un contrat signé avec le Président de la Fédération Camerounaise de Football, après avis obligatoire du Ministre chargé des sports, soit sur la base d’une mise à disposition par l’Etat. » Cette dernière clause, « la mise à disposition par l’Etat », n’est point accompagnée de la nécessité de l’avis de l’organe technique qu’est la FECAFOOT. Elle consacre volontairement la souveraineté de l’Etat, qui en tant que tutelle, se garde le dernier mot.
03 confusions importantes que doit arrêter de faire le Président de la FECAFOOT
Premièrement : Il n’existe pas 03, mais plutôt 02 entités, dans la gestion du football camerounais : L’Etat et la FECAFOOT. Le MINSEP n’est pas une troisième entité. Il est l’émanation du Gouvernement, de l’Etat, du Président de la République sur les questions de Sports et d’éducation physique. S’opposer ou s’allier au MINSEP, s’est s’opposer ou s’allier à l’Etat. Chercher à dissocier les deux, pour faire du MINSEP une 3e entité interlocutrice égale à égale avec la FECAFOOT, est une pure folie, qui sera toujours sujette à la désillusion.
Deuxièmement : L’équipe nationale n’est pas une copropriété que partagerait L’Etat et la FECAFOOT. Elle est une propriété exclusive de l’Etat camerounais qui en exerce la paternité et la pleine souveraineté. Le discuter, le contester serait non seulement suicidaire, mais contraire à l’ordre républicain.
Troisièmement : Le MINSEP, autrement dit le Gouvernement, la bouche autorisée du Président de la République sur les questions de Sport, a supériorité, suprématie voire souveraineté sur l’action de la FECAFOOT, dont il est celui qui donne vie (agrément) et assure la survie (financement permanent). Qu’un président de la FECAFOOT pense autrement les choses, serait scier la branche sur laquelle on est assis.
La légitimité n’est pas l’apanage des condamnés
Il est de bon aloi d’éviter de contester quand on qu’on n’a pas la légitimité. Brandir les textes, aller sur le terrain du droit dans un conflit avec l’autorité implique d’avoir soi même un minimum de légalité requise. Quand on est président illégalement en fonction, et qu’on ne doit sa liberté d’aller et venir qu’au sacro principe de tolérance administrative, on apprend à garder sa langue dans sa poche. L’actuel président de la FECAFOOT d’après les textes de sa propre fédération a perdu la légitimité d’exercer ses fonctions depuis qu’il a été condamné par le tribunal espagnol en 2022. Un condamné n’a pas cité à la tête de l’instance faîtière du Football Camerounais.
De plus, quand on est englué dans des accusations sérieuses de trucages de matchs, d’associations illégales avec des sociétés de jeux, des grosses dettes (plusieurs milliards) non remboursées à l’Etat, ainsi que de nombreux soucis de comptabilité, on ne peut s’arguer soudain de légitimité contre sa tutelle.
Le Président Eto’o au-delà d’avoir perdu sa légitimité, oublie qu’il n’a plus l’assise internationale qu’il avait il y a 10ans. Il n’a plus le poids de la CAF ou de la FIFA, comme à l’époque, les exécutifs de ces administrations n’étant plus à sa solde. Il n’est plus la star de la liga ou de l’UEFA, qui faisait la fierté nationale. Il est un citoyen justiciable comme les autres qui malheureusement enchaine les incartades et les actes inacceptables. Serait-il aujourd’hui bien placé pour s’opposer à l’Etat ? Certainement il vise le suicide, ou plutôt le martyr : il a clairement raté la plus belle occasion de se taire.
La Sportive Média