Cameroun – Interview/Martin NDTOUNGOU MPILE (sélectionneur des Lions Indomptables A’): «Il faut encore beaucoup travailler pour atteindre le niveau des marocains.»
Invité N°1 à Radio Tiemeni Siantou au lendemain du CHAN, le technicien camerounais s’est librement exprimé face à Joseph Valery Fotso. Martin NDTOUNGOU MPILE nous relate les dessous de la tanière pendant la compétition.
Question: Quel regard portez-vous sur la participation du Cameroun au sixième CHAN?
NDTOUNGOU MPILE: Le Cameroun est sorti en demi-finales, dans le classement général on est 4è sur 16 participants.
Question: Escomptiez-vous ce résultat, au regard de votre préparation ?
NDTOUNGOU MPILE: Chaque fois qu’on va en compétition, on se dit qu’on peut toujours mieux faire. On essaye de jouer les matches et au fur et à mesure qu’on traverse les étapes, on commence à croire qu’on peut aller jusqu’au bout. Mais pour nous, il fallait d’abord faire mieux qu’au Rwanda il y a quatre ans (quarts de finale, NDLR).
Question: Le grand public était sceptique après les résultats au mini tournoi qui a précédé le CHAN. Etait-ce aussi le cas pour vous?
NDTOUNGOU MPILE: Non, je me disais qu’il y avait des éléments que je n’avais pas utilisés pendant les matchs de préparation et je n’avais pas mis en place toutes les stratégies nécessaires. Donc lorsqu’on a commencé le CHAN, l’équipe s’est dessinée. Il y a eu le retour des joueurs de Garoua qui étaient en compétition. Ça nous a permis d’étoffer encore plus le groupe et d’avoir notre parcours. Mais au niveau des demi-finales, il faut l’avouer aujourd’hui, on a trouvé plus fort que nous.
Question: Quand vous dites que le Maroc était plus fort que, est-ce que parce que vos joueurs avaient des limites?
NDTOUNGOU MPILE: Ils ont mieux organisé le jeu, il y avait plus d’enchaînements chez eux que chez nous. Peut-être que chez nous, il faut encore beaucoup travailler pour atteindre le niveau des marocains. Car, leur jeu est fluide, il y a plus d’assurance. Et donc logiquement ils ont mérité leur victoire sur nous.
Question: Vous faisiez au moins un changement à chaque match. Comment l’expliquer ?
NDTOUNGOU MPILE: Après chaque match, il faut voir ce qui a bien marché, est-ce que tous les joueurs ont répondu présent, est-ce qu’il y a des joueurs qui présentent une méforme ? C’est pour ça que l’ossature demeurait toujours, mais on tournait autour de deux ou trois changements après chaque match. Parce qu’on espérait toujours améliorer l’effectif.
Question: Le capitaine Jacques Zoua n’a disputé qu’un match. Ensuite vous avez insisté sur sa blessure. Mais les rumeurs parlent d’une histoire de primes. Que s’est-il réellement passé?
NDTOUNGOU MPILE: Aujourd’hui, je peux dire à tous les Camerounais que Jacques n’a jamais réclamé les primes et n’a jamais fait l’objet d’une indiscipline particulière. Au contraire, il a essayé de guider ses petits frères en leur donnant des conseils, en leur apportant son vécu pour qu’ils puissent mieux aborder ce championnat qui était difficile. Il n’a pas fait tous les matches parce qu’il avait des soucis musculaires récurrents. Parfois on a voulu le faire jouer mais on sentait qu’il ne tenait pas. En dehors de ça, toutes les autres allégations sont fausses.
Question: En fin de tournoi, Yannick Ndjeng a été écarté pour indiscipline. Ensuite, on a vu à travers les réseaux sociaux que le joueur avait présenté ses excuses. Quel commentaire vous en faites?
NDTOUNGOU MPILE: Je connais Yannick depuis toujours. Je l’ai eu au centre de formation de Mimboman il y a près de 20 ans, il était tout jeune. Dans sa vie il est tout calme. Ça été un incident, il n’a pas pu tenir. Il a accepté la sanction, il l’a exécutée et je crois qu’il est revenu à de meilleurs sentiments aujourd’hui. On peut recommencer à causer et à lui donner des conseils.
Question: La présence de Samuel Eto’o, du ministre des Sports et du président de la FECAFOOT autour de l’équipe a-t-elle été bénéfique ou pas?
NDTOUNGOU MPILE: Lorsque les anciens joueurs viennent, c’est avec l’intention de soutenir les petits frères, ils ont le souci que ça marche, ils veulent transmettre le vécu des compétitions pour que les jeunes soient mieux armés. Donc pour moi ça n’a pas d’aspect négatif. De même, lorsque le ministre et le président de la fédération viennent pour pousser les gars, c’est toujours à des moments précis et ça ne prend pas beaucoup de temps. De façon globale, leur apport est positif au niveau des joueurs.
Question: Vous avez été très critiqué avant et pendant le CHAN. Comment avez-vous vécu cela?
NDTOUNGOU MPILE: Aujourd’hui, avec la présence des réseaux sociaux, la communication qui est ouverte à tout le monde, tout se dit. Et si on tient compte de cela, on ne peut même pas travailler. Et ça ne concerne pas seulement le foot, c’est dans tous les domaines. Lorsque vous ouvrez les Unes des journaux, c’est vraiment des tirs groupés sur les responsables de ce pays. Pour moi, comme je lis rarement tout cela, ça ne m’a pas vraiment affecté. Et surtout, je savais ce que je faisais.
Question: Qu’allez-vous faire maintenant, continuez avec les Lions A’, prendre en main une autre équipe?
NDTOUNGOU MPILE: Pour le moment, j’ai pris du repos, mes nerfs ont été mis à rude épreuve. Donc je prends des petites vacances. Le reste, on verra plus tard.
Marguerite Ngo MOMHA