Entre les licenciements et les démissions, la Confédération Africaine de Football se vide progressivement de ses principaux responsables. Simple purge ou mue totale de l’institution ? Il n’en demeure pas moins que le modus operandi est des plus inquiétants.
Bien que l’une des démissions les plus surprenantes à savoir celle du secrétaire général de l’instance le Marocain Mouad HAJJI, remonte longtemps avant le mandat de Patrice MOTSEPE, c’est bien l’arrivée de ce dernier à la tête de la CAF qui a créé le remue-ménage observé. Elu le 12 mars 2021 en remplacement du Malgache Ahmad AHMAD, Patrice MOTSEPE n’a pas tardé à se mettre en évidence, en nommant un nouveau secrétaire général, en la personne du congolais de RDC Véron MOSENGO-OMBA. Cette nomination marquait avec effet immédiat le licenciement du marocain Abdel Bah qui assurait l’intérim à ce poste depuis plus d’un an après la démission de Mouad HAJJI.
Selon une source proche de la FECAFOOT et du COCAN, présenté lors de la mission d’évaluation conjointe FIFA-CAF de juin dernier au Cameroun, et qui a voulu rester anonyme, près de 15 employés de l’institution faîtière du football africain ont été notifiés de leur licenciement via courrier électronique durant leur séjour en terre des Lions Indomptables. Nombre d’entre eux présents à l’étape de Bafoussam la veille, étaient soudain absents le lendemain à l’étape de Douala, contraints de rentrer précipitamment au Caire, déboussolés par la nouvelle et surtout la manière dont elle est tombée. Le contenu de ce mail dont un extrait a été rendu public par nos confrères du site d’information www.footafrique.com, énonce : « Votre mission à la CAF est terminée. Ne venez plus au siège. Vous recevrez votre paie du mois de juin ». Au rang des licenciés il y a Achta Mahamat Saleh, directrice des affaires juridiques ; Marwa Hosam Eldin, directrice des ressources humaines et Serif Elkhadem, directeur des finances.
Fin juin, c’était au secrétaire général adjoint, le Ghanéen Anthony Baffoe, d’annoncer sa démission. Avant lui le directeur commercial en poste depuis un an, Ali AISSAOUI, avait également déposé sa démission. Et finalement jeudi 22 juillet, sans notification aucune, le poste de directeur de la communication, jusqu’alors occupé par le Camerounais Alexandre SIEWE, a été présenté comme vacant sur le site internet de la CAF.
Pour les employés licenciés, le site Josimar rapporte que ces derniers n’ont reçu jusqu’à date aucune explication sur les raisons de leur licenciement. Un processus contraire aux textes de la Caf qui dispose en la circonstance de recourir au Jury disciplinaire et au Jury d’appel chargé de statuer sur les licenciements demandés par le Comité Exécutif ou l’Assemblée Générale.
Certains observateurs du football y voient la volonté du nouvel exécutif de la confédération de se séparer de tous les anciens affidés d’Ahmad Ahmad. D’autres pensent que le processus de « FifAfrique » serait en marche. Ce processus d’après eux consiste en un contrôle systématique du football africain par l’instance dirigée par Gianni Infantino. La nomination de Véron MOSENGO-OMBA ancien employé de la Fifa en serait la parfaite illustration. Ce dernier n’a pas hésité à désigner comme assistante personnelle, l’italienne Sandra Latorre, avec qui il a été à la FIFA. Les habitués de l’immeuble siège de la CAF au Caire témoignent ces derniers jours d’un ballet régulier des agents de l’instance mondiale du football dans leur structure. « C’est un envahissement, voire une annexion » a confié un employé à un de nos confrères sous anonymat.
Cette situation n’est cependant sans raison. Pour les responsables de la nouvelle CAF, comme ils s’appellent dorénavant, l’heure est venue de transformer en profondeur le football africain, en le débarrassant de tout amateurisme. Selon des sources concordantes, l’ancienne CAF a eu la réputation de pratiques jugées peu orthodoxes par leurs confrères du football mondial. Retards dans les délais, non respect des usages administratifs dans la rédaction et le traitement des documents, lourdeurs dans les procédures, opacité dans la gestion financière, les accusations que portent les membres de la nouvelle CAF (qui étaient à la FIFA à l’époque) à leurs prédécesseurs, sont légions. Assainir les lieux, exige de faire du ménage, de balayer tout ce qui est ancien et corrompu, afin de laisser s’installer une nouvelle dynamique : celle de professionnels de la FIFA, venus transmettre leur expérience forte de retentissants succès, à leur confrères africains. Seulement à 06 mois de la tenue de la 33e édition de la CAN au Cameroun, édition que l’on veut pour la nouvelle CAF comme pour le COCAN camerounais, des plus réussie de l’histoire ; vider ainsi l’institution organisatrice de ses principaux hommes de main, serait-ce opportun ? Jusqu’où ira la nouvelle CAF dans ce vaste nettoyage de son personnel ? On s’interroge !
La Rédaction